Je ne suis pas le maître des mots, je n'en suis que le mètre : je prends la mesure de ce qui est bref et de ce qui est long, jauge ce qui est petit et ce qui est gros, juge ce qui pue et ce qui sent bon, pèse ce qui est lourd et ce qui est léger, et surtout assaisonne de chiffres utiles ce qui en est dépourvu.
Je ne suis que les numéros des pages, les majuscules des titres, l'espace entre les paragraphes.
Et le prix des ouvrages.
Ce qui est peu et énorme, insignifiant et essentiel.
Pour les maîtres qui en font des vers à pieds, mettre les mots sous verre est capital : le dictionnaire est ma seule loi. Rien de minuscule ne m'échappe. Certains prétendent que sous prétexte que je ne suis pas le maître des mots, je les mets à Anvers... Faux ! C'est leur tête d'écrevisse qui est dévissée... Les gens de l'Ain, de Sète et de Troyes voient tout de travers ! Qu'est-ce que j'irais foutre en Belgique ? Moi, je collectionne, trie, classe les mots. Tous les mots.
Et je les mets à Brie-Comte-Robert. C'est en France.
Je fricote avec la prose posée comme la plus hachée, tricote des périphrases sans fin, asticote les pêcheurs de casseroles. Je suis la rature et je ne m'en plains pas, c'est signe que je suis une vraie croix. Un calvaire. J'incarne les vieilles carnes et on m'appelle Rossinante. Et je vais de gare en gare apporter les mauvaise nouvelles... Pourtant je caracole avec sur mon dos les plus grands. Lettres d'or ou feuilles mortes, je fais la pluie et le beau temps.
Je suis le texte perdu et la signature illustre, je suis le brouillon et l'oméga, je suis le commencement et l'histoire sans fin...
C'est paradoxal mais à grands coups de H je suis également la faute d'Horthographe, l'erreur dans le coeur du mot qui change le cours de l'O, et ma coquille folle parfois se fend d'une seule pièce. Ce qui est un grand tort pour moi. Mais heureusement j'ai aussi une armure de plumes.
Pointu, plat, rigide, terrible, intransigeant, pointilleux, tyrannique et surtout très ennuyeux, je suis le seul mot qui traque tous les autres. Et c'est pour cela qu'on me dit traître.
Je suis la règle.
Je ne suis que les numéros des pages, les majuscules des titres, l'espace entre les paragraphes.
Et le prix des ouvrages.
Ce qui est peu et énorme, insignifiant et essentiel.
Pour les maîtres qui en font des vers à pieds, mettre les mots sous verre est capital : le dictionnaire est ma seule loi. Rien de minuscule ne m'échappe. Certains prétendent que sous prétexte que je ne suis pas le maître des mots, je les mets à Anvers... Faux ! C'est leur tête d'écrevisse qui est dévissée... Les gens de l'Ain, de Sète et de Troyes voient tout de travers ! Qu'est-ce que j'irais foutre en Belgique ? Moi, je collectionne, trie, classe les mots. Tous les mots.
Et je les mets à Brie-Comte-Robert. C'est en France.
Je fricote avec la prose posée comme la plus hachée, tricote des périphrases sans fin, asticote les pêcheurs de casseroles. Je suis la rature et je ne m'en plains pas, c'est signe que je suis une vraie croix. Un calvaire. J'incarne les vieilles carnes et on m'appelle Rossinante. Et je vais de gare en gare apporter les mauvaise nouvelles... Pourtant je caracole avec sur mon dos les plus grands. Lettres d'or ou feuilles mortes, je fais la pluie et le beau temps.
Je suis le texte perdu et la signature illustre, je suis le brouillon et l'oméga, je suis le commencement et l'histoire sans fin...
C'est paradoxal mais à grands coups de H je suis également la faute d'Horthographe, l'erreur dans le coeur du mot qui change le cours de l'O, et ma coquille folle parfois se fend d'une seule pièce. Ce qui est un grand tort pour moi. Mais heureusement j'ai aussi une armure de plumes.
Pointu, plat, rigide, terrible, intransigeant, pointilleux, tyrannique et surtout très ennuyeux, je suis le seul mot qui traque tous les autres. Et c'est pour cela qu'on me dit traître.
Je suis la règle.
Rien ne la confirme et pourtant elle fait loi. Tapis dans l'ombre des séries elle déraille toutes logiques pour leur donner sens. Elle brille d'une lumière inconnue sur les pants indéterminés de nos contradictions. Elle est le désordre structurant de nos incompréhensions. Nul ne la saisit réellement car les mots pour la dire n'existent pas. Il est inutile de la décrire alors car elle nous enseigne l'impossible. Elle est honnête et non traitresse. Je suis un honnête homme et j'ai le sang rouge comme la vérité. C'est ainsi qu'elle m'envoye des incantations de l'abyme des ordres des apparences non trompeuses. Elle sort par moment de son décor par ses bras dénudés et les plonge dans les corps pour y arracher malgré les suppliques et les plaintes des lambeaux de ce que l'on naît.
RépondreSupprimerJe suis elle, je suis l'exception qui s'affirme sans règle.
Romain Wetzel